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Catégorie(s) : Autographes


PONGE (Francis). Lettre autographe signée à Emilie Noulet.

2 p., Paris, 12 décembre 1952. Très belle et importante lettre. "Comme je regrette, chère Madame et amie*, cette " phénoménologie des associations d'idées " que je ne sais quel rédacteur de Combat a stupidement laissé tomber sur le " marbre " ! C'était si bien trouvé, si original ! je m'en console difficilement. Beaucoup plus malaisément encore que de cette " méthode " absurdement métamorphosée en " mélodie " … (l'un des seuls mots que le proche contexte interdisait expressément !) Pourtant c'est un grand plaisir, malgré tout, que m'a fait la relecture de votre bel article dans ce journal. Et ces petites blessures me rendent plus précieuse encore la copie dactylographiée que vous avez eu la bonté de m'adresser par Anne Heurgon. J'admire la précision de vos formulations dont je vous sais gré, croyez-le, tout autant que de l'indulgence que vous voulez bien me témoigner. Et, certes, ce que vous écrivez in fine, avec tant de bienveillance, sur la vertu musicale de mes " reprises ", au lieu d'insister - comme à bon droit vous auriez pu le faire - sur le caractère fastidieux de mes variations (ou variantes), témoigne surabondamment de votre bonté à mon égard. Oui, vous avez raison, les variantes versifiées, dans ce livre, ne se justifient pas autrement que comme des exercices supplémentaires (de rhétorique) et n'atteignent nulle part à la qualité poétique proprement dite : celle du chant. Je me souviens de la prédilection que vous avouiez (dans une autre étude, dont plusieurs amis, je pense, ont pu vous dire de ma part l'émotion qu'elle m'avait donnée…) pour l'un des rares écrits (il s'agit de la Cruche) où peut-être une sorte d'incantation fut atteinte… Et certes - un tel argument, (je n'ai pas manqué de me l'opposer à moi-même -) peut-être refusé-je la mélodie ou l'envol, comme le renard de la fable les raisins… parce qu'ils sont trop verts ! Lisant Calder ou Éluard, Ungaretti ou Pasternak, je ne puis faire autrement que reconnaître mon infirmité… et peut-être enfin mieux me connaître. Mais voilà qui est fait depuis longtemps ! Vraiment vous le savez, s'il ne tenait qu'à moi, l'on ne me rencontrerait guère parmi les anthologies poétiques : je ne voudrais occuper qu'une petite place parmi les maniaques de l'expression, dans un coin du laboratoire verbal… enfin parmi les " préparateurs " en prose de l'alchimie du verbe… *Émilie Noulet (1892-1978) fut une romaniste, une historienne de la littérature et une critique littéraire belge. Elle fut une amie et une spécialiste de Paul Valéry, qu'elle avait rencontré en 1920, et de Mallarmé. Elle sera nommée professeur titulaire à l'Université Libre de Bruxelles à partir de 1953. C'est elle qui dirigea le mémoire de licence de Raoul Vaneigem sur Lautréamont. Voir : http://www.psychasoc.com/ Textes/Le-Comte-le-Vampire-et-la-Dame-Vaneigem-et-Ducasse-aux-bons-soinsd-Emilie-Noulet


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